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Plateforme collaborative d’éducation aux images

Dispositif Maternelle au cinéma
Dispositif École et cinéma
Dispositif Collège au cinéma
Dispositif Passeurs d’images

Parcours d’éducation aux images inter frontaliers

De l’expérience intime à la rencontre de l’altérité : les bienfaits du multilinguisme dans la construction de soi

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Contexte

En donnant la parole à des acteurs culturels majeurs des Pyrénées-Atlantiques et du Pays basque Sud, nous interrogerons les réussites des actions d’éducation aux images étroitement liées aux enjeux éducatifs linguistiques. Comment les dispositifs nationaux et leur cadrage institutionnel offrent aux acteurs des territoires des possibilités d’adaptation sans en dénaturer les enjeux (bien au contraire) ? Comment ces réflexions et ces actions en faveur d’une éducation aux images en langue régionale et co-officielle (côté Espagne) peuvent enrichir et nourrir les dispositifs nationaux français ? En parallèle, comment la connaissance des dispositifs nationaux français et de leurs spécificités territoriales pourraient renforcer les actions d’éducation aux images au Pays basque Sud ?

Restitution

Récit – fiction pour illustrer de façon symbolique un parcours d’éducation aux images transfontalier

Ekhi et Ana, un lien de parenté inter frontalier entre deux cousins qui s’intensifie grâce à leurs parcours d’éducation aux images.

Ekhi et Ana ont le même âge, leur mère sont sœurs, les deux familles vivent de part et autre du Pays basque. Ekhi, son grand frère et sa mère vivent à Saint-Sebastien, Ana, son petit frère et ses parents vivent à Bayonne.

Les deux familles ont des principes éducatifs communs, elles sont par exemple attachées à la transmission de la culture basque, étant convaincues que l'ouverture d'esprit s'accomplit en approfondissant au maximum la connaissance d'une culture dans son territoire. Cet héritage culturel se transmet notamment grâce à la langue basque qui est parlé en France et en Espagne, les membres de cette famille étant bascophones depuis plusieurs générations.

Étant proches géographiquement, les deux enfants se voient régulièrement, pendant les vacances ou les week-ends, les familles veillent en effet à cultiver les liens et apprécient de passer du temps ensemble, de chaque côté de la frontière.

Petite enfance

A l'âge de 5 ans, scolarisée en Grande Section dans une école publique de Bayonne, Ana est inscrite avec sa classe à Maternelle au cinéma, un dispositif national d’éducation au cinéma dont l’objectif principal est de favoriser la découverte de films, dans toute leur diversité, en salle de cinéma. Un soir, après l’école, elle a beaucoup parlé avec son père des petits bonhommes de toutes les couleurs qui avançaient en file indienne sur le grand écran blanc et de la très belle musique qu’elle parvient presque à fredonner (La Traviata de Guionne Leroy, programme À Table, distribué par L’Agence du court métrage). Son père lui demande si elle a vu ce film dans son école et Ana est fière de lui répondre que non, c’est dans une vraie salle de cinéma, avec tous ses camarades de classe qu’elle l’a vu. Elle n’a pas même pas eu peur quand les lumières ont moins éclairé car le Monsieur du cinéma a bien expliqué que ça se passait toujours comme ça que c’était la magie du cinéma, que tout redeviendrait normal quand le film serait terminé. Ana ressent beaucoup d’émotion quand elle parle de cette journée particulière avec son père et elle pense à son cousin Ekhi, elle se dit qu’elle aimerait bien retourner au cinéma, un jour, avec lui.

Pendant les vacances de Noël de la même année, avant que les familles se réunissent pour le traditionnel repas et la distribution des cadeaux, les cousins passent du temps ensemble chez leur grand-mère qui est à la retraite et qui vit à Saint-Jean-de-Luz. Il ne fait pas très beau cette dernière semaine de décembre. Fidèle spectatrice du Sélect, Martha n’y avait jamais prêté attention mais dans le nouveau programme, elle constate que des films sont programmés spécialement pour le jeune public. La proposition d’aller au cinéma ravit les enfants, Ana se souvient vaguement d’un grand moment de joie partagé avec ses camarades de classe dans une salle de cinéma, elle est sûre que ça va plaire à Ekhi !

De 6 à 11 ans

Les années passent et à l’école primaire, la classe d’Ana participe à École et cinéma à deux reprises, en CE2 et en CM2.

Dans son école, la fillette est sensibilisée à la langue euskara, c’est important pour ses parents que cet enseignement soit proposé dès le plus jeune âge. Le bilinguisme précoce constitue une porte d’entrée vers le multilinguisme : apprendre dès le plus jeune âge le basque à côté du français facilitera l’apprentissage futur d’une 3ème ou 4ème langue. Par ailleurs, être capable de parler deux langues expose l’enfant à différentes façons de penser, et constitue un atout indéniable pour s’intéresser et s’ouvrir de manière confiante à d’autres cultures.

L’année de ses 10 ans, lors de la réunion de rentrée, l’enseignante explique aux parents, qu’elle est très heureuse de participer à ce dispositif d’éducation artistique et culturelle qui permet de découvrir trois films en salle de cinéma et qu’elle prévoit de prolonger ces séances en organisant des temps d’échange et de pratique artistique, elle est sûre que ces découvertes planteront des petites graines de curiosité d’appétence culturelle.

La classe d’Ana va aussi participer au dispositif Zineskola, un dispositif d’éducation à l’image en langue basque coordonné par l’Institut culturel basque en partenariat avec Zukugailua, Cinéma & Cultures, Cinévasion, le Centre pédagogique IKAS, l’Éducation Nationale et Zineuskadi. Le dispositif Zineskola propose aux élèves du primaire scolarisés en langue basque de découvrir des films d’animation en euskara lors de projections organisées spécialement à leur intention dans 11 salles de cinéma du territoire. Ils commencent ainsi, grâce au travail pédagogique d’accompagnement conduit par les enseignants, une initiation au cinéma, et pratiquent l’euskara hors les murs.

Lorsque les mères des deux enfants se téléphonent le week-end suivant, elles parlent de ce programme français de films et se disent qu’elles aiment beaucoup le cinéma elles-aussi et qu’elles ne prennent pas assez de temps pour y aller. La mère d’Ekhi a vu des affiches du festival international du film de Saint-Sébastien dans toute la ville et ça lui a donné envie de voir des films ! Elle se dit qu’elle vit dans la ville où se déroule un des plus grands festivals du monde et qu’elle devrait en profiter. En parcourant le programme, elle a repéré une séance un peu spéciale, pour les familles, le samedi après-midi, elle ne se souvient plus du titre du film mais elle a lu que la séance serait présentée par un robot. C’est intriguant et excitant à la fois, si elles y allaient ensemble avec les enfants ?  Le jour de la projection, Ekhi est fier de partager avec sa cousine un événement d’une si grande envergure !!

De 12 à 15 ans

L’année de ses douze ans, Ekhi et sa classe se rendent à Tabakalera, ce grand bâtiment lui est familier puisqu’il l’aperçoit à chaque fois qu’il prend le car à la gare routière. Il ne se doutait pas que cet immense espace était consacré au cinéma et à l’art. Une médiatrice leur explique l’histoire et l’activité de ce lieu culturel et leur fait visiter une exposition. Puis, avec ses camarades, ils apprennent à fabriquer un film d’animation, c’est passionnant ! Ekhi pense revenir à Tabakalera avec sa mère et surtout avec sa cousine Ana, pourquoi pas lors des prochaines vacances ?

En France, Ana poursuit sa scolarité au collège. En classe de 3e, sa classe participe à Collège au cinéma et l’adolescente est contente de retrouver l’Atalante, la salle de cinéma où elle allait avec sa maîtresse de CM2. Ana reconnaît le Monsieur qui présente la séance, elle aime bien sa façon de parler des films, ça lui donne envie d’en voir plein d’autres ! Elle se dit aussi que ça doit être un beau métier de fabriquer des films, elle se demande d’ailleurs s’il existe des études qui permettent d’apprendre à faire des films ou à jouer dedans, il ne faut pas qu’elle oublie de poser la question à ses parents.

Au cours de cette année scolaire, Ana verra 4 films dont un en langue basque. C’est une particularité qui n’existe pas ailleurs, elle mesure sa chance !

En effet, dans les Pyrénées-Atlantiques, grâce à l’initiative et au soutien du conseil départemental, le dispositif propose un quatrième film en euskara, avec la possibilité de le voir avec des sous-titres français. Comme pour le dispositif national, ce quatrième film s’adresse à l’ensemble des collèges (publics comme privés) et à l’ensemble des parcours (français, bilingue et immersif). L’objectif de cette initiative collective est double :
• découvrir la création cinématographique du territoire par l’intermédiaire de rencontres et d’ateliers en présence de professionnels,
• sensibiliser, rendre accessible et développer l’usage de nos langues et cultures régionales.

UTOPIE

L’enseignant de français d’Ana est le référent Collège au cinéma de l’établissement, c’est un passionné de cinéma, il est convaincu que l’enseignement de sa discipline peut s’enrichir grâce aux liens qu’il crée avec le cinéma, pour cela les formations auxquelles il a accès, organisées par Cinévasion et la documentation pédagogique dont il dispose, éditée par le CNC, lui sont très précieuses.

Enthousiaste à l’idée de voir un film en Eureska avec ses élèves, il imagine un projet pédagogique avec son collègue qui enseigne le basque. Pour pratiquer la langue et favoriser les échanges entre jeunes, ils entrent en relation avec les professeurs de langues d’un collège de Saint-Sebastien. Ils établissent un projet d’éducation artistique et culturelle et d’échanges linguistiques avec une classe du même niveau, comptant s’appuyer sur le visionnement en salle du quatrième film Collège au cinéma en Eureska. La salle de cinéma de la Cinémathèque basque à Tabakalera accueillera les deux classes qui profiteront de cette occasion pour se rencontrer après avoir entretenu une relation épistolaire, par l’intermédiaire d’un blog, durant plusieurs mois.

Cet échange scolaire culturel inter frontalier va sceller le jumelage entre les deux collèges et augure de futures collaborations avec d’autres collèges.

De 15 à 18 ans

Le Noël de leur 17 ans, Ekhi et Ana passent les fêtes de famille chez leur grand-oncle à Orthez. Comme à chaque fois, ils sont heureux de se retrouver mais ils craignent de s’ennuyer, ils ne connaissent pas bien cette ville qui est éloignée de la côte et de la plage où ils ont l’habitude de se promener avec leur grand-mère, même l’hiver lorsqu’il fait froid. 

Dans le journal municipal, posée sur la table de salon, Ana est attirée par un article qui présente un type de séance dont elle n’a jamais entendu parler : 

« Vous aimez le jeu vidéo et aimeriez rencontrer des professionnels autour de thématiques ? Découvrir de nouveaux jeux, jouer sur un grand écran de cinéma et échanger avec d’autres passionnés ? Alors ce rendez-vous est fait pour vous ! Les soirées “Pixel Play” sont organisées toujours en relation avec un film diffusé. » 

Elle se dit qu’elle n’y connaît pas grand-chose aux jeux vidéo mais que voir un film en salle de cinéma est toujours une expérience ! Ekhi, lui, n’est pas difficile à convaincre, les jeux vidéo c’est plutôt son rayon et jouer dans une salle de cinéma, il n’avait même pas imaginé que cela soit possible ! 

Projet soutenu par la coordination régionale Passeurs d’images, ALCA.

Ces vacances de Noël sont aussi l’occasion d’évoquer l’orientation professionnelle des deux jeunes gens. Ana aimerait entreprendre des études de cinéma, elle a entendu parler d’un BTS métiers de l'audiovisuel, option métiers du son qu’il serait possible de suivre à Bayonne, au lycée René-Cassin.

Tout le monde croise les doigts pour que son inscription au Parcours sup’ ne soit pas semée d’embûches.

Âge adulte

À l’issue de son BTS qu’elle obtient avec succès, Ana souhaite poursuivre ses études de cinéma qu’elle voudrait voir évoluer vers un axe « recherche et histoire ». Attachée à sa région et à sa famille, elle préférait étudier dans la région. Toujours proche de son cousin Ekhi qui s’en lancé dans des études d’ingénieur en informatique, elle lui demande de se renseigner pour elle à Tabakalera, elle a lu dans une revue spécialisée que cette institution prestigieuse comprenait une école de cinéma…